Mod’emplois

1, 2, 3 SOLEIL

39 % de l’électricité est produite au charbon, une source d’énergie fossile très polluante. Produire son énergie autrement est possible : À Luc-sur-Aude, Jean Luc, maire de la commune a créé, avec et pour les habitants, la première centrale solaire citoyenne française.
« 123 soleil, c’est l’histoire d’un parc photovoltaïque qui a été conçu par et pour les habitants de Luc-sur-Aude. »
Cette première phase propose une étude de marché simplifiée, comme un premier tour de piste pour s’assurer de la faisabilité de la duplication du projet. Il s’agit de collecter et d’analyser des informations sur l’environnement du lieu d’implantation du projet et d’identifier ses motivations, ses atouts et ses besoins.
« Pour dupliquer un tel projet sur un autre territoire, deux points principaux sont à considérer : la localisation du terrain et le raccordement au réseau. »
Cette étape de collecte d’informations permet de vérifier que le lieu d’implantation du projet présente les caractéristiques indispensables à la duplication du modèle 123 soleil. Il s’agit d’identifier un terrain vaste et dégagé dans la commune, puis de se renseigner auprès de professionnels du secteur pour savoir, par exemple, comment orienter ses panneaux solaires. Il s’agit ensuite de s’informer sur les opérateurs susceptibles de racheter l’électricité produite, s’il est possible de raccorder la centrale au réseau, en étudiant par exemple, les cartes de passage du réseau Enedis, ou de consulter le site d’Enercoop. Il est important de s’entourer d’experts pour mûrir son projet et de consulter un annuaire des installateurs solaires en France. Le sujet étant très technique, il est nécessaire de s’informer au maximum sur des notions telles que l’ingénierie financière, l’énergie solaire ou encore le photovoltaïque.
« Ce type de projet n’est pas simple à concevoir. Par exemple, au départ, nous ne savions absolument pas à qui nous allions vendre le courant et combien il faudrait en vendre pour rentabiliser le projet et amortir les coûts de son fonctionnement. »
Créer un projet comme 123 Soleil demande de vérifier la compatibilité entre sa situation personnelle et un tel projet. Jean-Claude Pons ne cache pas la lenteur de certaines procédures et l’investissement personnel que demande un tel projet. Il est possible d’effectuer un bilan personnel, étape permettant de s’assurer d’avoir les compétences nécessaires pour porter le projet. On peut ensuite envisager les spécificités du secteur en consultant des fiches métiers comme celles d’installateur de panneaux photovoltaïques ou de monteur de réseaux électriques.
« Pour passer de l’idée à la création, j’ai été accompagnée par différents dispositifs complémentaires. »
Après avoir identifié vos forces et vos faiblesses, défini les contours de votre projet, la phase d’accompagnement est primordiale : être accompagné est LA condition de réussite. Il existe en France de nombreuses structures répondant à une variété de besoins. Toutes permettent d’échanger, d’être entouré, soutenu, par d’autres porteurs de projets .
« Le fait que nous ayons gagné un appel à projet de la région Occitanie nous a aidés à convaincre à la fois les citoyens et les investisseurs de prendre part à notre projet. Cela apportait une garantie qui rassurait tout le monde. »
Au niveau national comme à l’échelle plus régionale, les structures d’accompagnement sont diverses. Il est préférable de se faire accompagner par des organismes différents et complémentaires, car le montage d’un projet comme 123 Soleil nécessite des expertises diverses. Au départ du projet, c’est par la région Occitanie que Jean-Claude a été soutenu et accompagné. De nombreuses régions encouragent le développement de projets d’énergies renouvelables coopératives et citoyennes. Au-delà de cet accompagnement régional, il est possible de faire appel à des incubateurs. Il existe des incubateurs spécialisés dans les projets liés à la transition écologique. Étant donné le degré de technicité du projet, il est également possible de se former via l’offre de formations gratuites et/ou potentiellement financées par le CPF.
« Le soutien de la région a été déterminant. Elle a mis en place un principe selon lequel chaque fois qu’un citoyen investissait 1€ dans le projet, la région faisait de même. »
Dans un projet comme celui de Jean-Claude, le plus difficile est de trouver un premier partenaire financier solide et à même de susciter la confiance d’autres d’investisseurs. Il peut être public avec les municipalités, les départements, les régions ou l’État. La commune de Luc-sur-Aude a investi dans le projet en étant supportée par une avance remboursable de la région Occitanie. L’ADEME a également aidé au lancement du projet. Il est possible de se tourner vers des acteurs privés qui peuvent intervenir par le biais de fondations ou de business Angels, ou via une campagne de financement participatif. Il est possible d’aller voir les banques pour analyser leurs propositions puis de regarder les dispositifs de financements publics.
« Nous nous étions engagés à un rendement de 3 à 7%, sur les trois dernières années, nous sommes à 5%, donc nous pouvons dire que c’est un bon rendement. »
Cette phase permet d’aller plus loin dans l’étude de marché, d’étudier des éléments commerciaux et financiers pour élaborer le business model et le business plan d’une organisation structurée, susceptible de trouver une clientèle et de générer des revenus.
« Le projet regroupe 286 actionnaires. Ces derniers ont financé et continuent à gérer le parc pour la production d’énergie solaire. »
Cette étape permet d’établir un business model en accord avec votre projet. S’appuyant sur l’étude de marché, le modèle économique va préciser le marché dans lequel votre projet va évoluer, identifier les caractéristiques de vos futurs clients, et estimer un chiffre d’affaires prévisionnel. Ces informations permettront de construire un modèle économique juste pour les actionnaires car le projet de Jean-Claude a une valeur écologique mais également économique et financière.
L’étude financière va permettre de préciser vos besoins et les coûts qu’engendre le projet à ses différentes étapes. Il faut évaluer le coût prévisionnel du projet en calculant les différentes dépenses, identifier les possibilités de financement et prévoir un plan de trésorerie.
Un business plan est l’assemblage des deux étapes précédentes. Il décrit le projet dans son ensemble, c’est-à-dire les conclusions de l’étude de marché, l’exposé de l’offre et le plan financier. Destiné à des tiers, il sert à convaincre du potentiel du projet, de la cohérence du modèle économique et de la bonne logique de la stratégie commerciale envisagée. La première page du business plan, l’executive summary, est une carte de visite du projet. Il en présente les points clés pour permettre aux investisseurs d’avoir une vision rapide et globale de la stratégie envisagée.
« La structure juridique que nous avons choisie a été une S.A.S. »
Cette phase propose de structurer une équipe, de trouver une gouvernance et d’identifier une structure juridique adaptée au projet. Si les entreprises à impact comme 123 Soleil utilisent des outils et des moyens d’action similaires à ceux des entreprises privées, elles poursuivent des objectifs caractéristiques en mobilisant des ressources et des approches spécifiques.
“ L’avantage d’une S.A.S est que c’est une structure qui est souple et qui n’est pas trop compliquée à mettre en œuvre. ”
Le choix de la forme juridique est une étape essentielle de la création d’une structure. Cette enveloppe légale doit correspondre à la philosophie du projet. Certains dispositifs d’accompagnement sont spécialisés dans ces démarches juridiques. Plusieurs formes juridiques sont envisageables pour un projet comme 123 Soleil. Jean-Claude a choisi de se structurer comme S.A.S, ce qui permet à des structures d’être membres en même temps que des actionnaires privés.
« C’est un projet qui porte la marque du local car 50% de nos actionnaires sont domiciliés dans l’Aude. »
Créer une équipe efficace demande de réunir des compétences complémentaires, partageant des valeurs et un objectif commun autour d’un projet précis. Il faut ensuite préciser l’organisation au sein de l’entreprise, et privilégier, comme Jean-Claude, un travail de pédagogie auprès de la population bien en amont du début des travaux.
« Tout le monde est excité au début, mais il est important de se projeter dans l’avenir. »
Il faut se poser la question du statut le plus adapté à son projet, mais également un type de gouvernance adaptée à votre organisation, reflet du projet et de sa philosophie.

TchaoMégots

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