Mod’emplois

CONSERVERIE LOCALE

Moselle, Metz : pour lutter contre le gaspillage alimentaire, Manon Carre a créé en 2013 La conserverie locale, qui propose un service de transformation de fruits et légumes aux producteurs locaux et des ateliers pour découvrir des méthodes de conservation ou sensibiliser au gaspillage alimentaire.
« Notre envie d’agir est venue d’un constat un peu accablant : nous avons énormément d’invendus et de surplus à disposition et personne n’en fait rien. Nous avons donc eu envie de leur donner une seconde vie. »
Cette première phase propose une étude de marché simplifiée, comme un premier tour de piste pour s’assurer de la faisabilité de la duplication du projet. Il s’agit de collecter et d’analyser des informations sur l’environnement du lieu d’implantation du projet et d’identifier ses motivations, ses atouts et ses besoins.
« En étudiant notre territoire, nous nous sommes aperçus que nous étions sur un écosystème de petits producteurs. Nous n’avons pas beaucoup de gros producteurs de fruits et légumes dans la région. Petit à petit, nous avons commencé à proposer cette transformation aux producteurs. On a commencé avec cinq producteurs, puis 20 puis 30, etc. »
Cette étape de collecte d’informations permet de vérifier que le lieu d’implantation du projet présente les caractéristiques indispensables à la duplication du modèle de La conserverie locale, qui a été créée au sein de l’association Partage Ton Frigo. Il faut trouver des producteurs locaux de fruits et légumes motivés dans une zone géographique précise qui peuvent être identifiés en consultant des annuaires ou des plateformes  dédiés aux producteurs locaux. Il peut également être intéressant de s’informer sur l’agriculture durable, l’alimentation durable et d’appréhender les principes des circuits courts. Il faut ensuite analyser les besoins alimentaires de la région préemptée et donc le marché en effectuant une étude de concurrence.
« Notre point fort, c’est que les producteurs sont les premiers acteurs de la démarche. Ce sont eux qui choisissent ce que va devenir leur surplus de production et ce sont principalement eux qui vendront leurs produits transformés en conserves. Cela leur plaît car ce projet leur permet d’éviter les pertes tout en proposant des produits différents. »
Créer un projet comme La conserverie locale demande de vérifier la compatibilité entre sa situation personnelle et le projet. Il est possible de vérifier cette adéquation en effectuant un bilan personnel, étape permettant de s’assurer d’avoir les compétences nécessaires pour porter le projet. Ensuite, il faut envisager les spécificités du secteur en consultant des fiches métiers. Se lancer dans la transformation alimentaire nécessite en effet des connaissances, des compétences et une maîtrise des règles sanitaires nécessaires.
« Il n’est pas simple de démarrer un tel projet. En réalité, il faut commencer petit. Au départ, nous avions simplement une petite cuisine équipée pour confectionner les premières conserves. Puis, peu à peu, nous avons grandi.»
Après avoir identifié vos forces et vos faiblesses, défini les contours de votre projet, la phase d’accompagnement est primordiale : être accompagné est LA condition de réussite. Il existe en France de nombreuses structures répondant à une variété de besoins. Toutes permettent d’être entouré par d’autres porteurs de projets et donc d’échanger, d’apprendre et d’être soutenu dans sa démarche.
« J’ai été accompagnée techniquement, surtout sur le sujet de l’agroalimentaire puisque j’étais ingénieure de formation mais pas du tout ingénieure agro. Il m’a fallu apprendre un peu toutes ces règles sanitaires et la réglementation applicable dans ce domaine. »
Au niveau national comme à l’échelle régionale, les structures d’accompagnement sont diverses. Il est préférable de se faire accompagner par des organismes complémentaires, de s’adresser aux bons réseaux supports, comme le CFPPA de Florac qui a formé Manon au travail agroalimentaire autour de la conserve. Le projet nécessite également des connaissances sur le plan juridique et financier que peuvent offrir de nombreux incubateurs. Il est également possible de se former via l’offre de formations gratuites et/ou potentiellement financées par le CPF et se rapprocher des organismes d’aides régionales qui peuvent fournir un premier appui. Enfin, il est bon de savoir que La conserverie locale a à cœur de faire essaimer son projet. Dans cette optique, des formations ont été mises en place pour toutes les personnes qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure. Elles permettent d’en savoir plus sur les techniques de transformation agroalimentaires des fruits et légumes.
« Nous avons eu plusieurs accompagnements financiers, que ce soit de la région, du département, mais également un ensemble de mécènes. »
Le plus complexe est souvent de trouver les capitaux pour financer le début de l’activité. Des acteurs publics permettent parfois de débloquer ces premières sommes. C’est en répondant à un appel à projet de la région Grand-Est que Manon a pu lancer son projet en obtenant une aide de 50 000 € par an, pendant 3 ans. Elle a perçu d’autres aides, notamment émanant du département, de la ville de Metz, ainsi que d’associations de mécènes. Il est donc important de solliciter les différents acteurs publics. Manon a également obtenu un financement de l’ADEME. Du côté des acteurs privés, il est possible d’approcher des fondations mais également des réseaux de business Angels, d’avoir recours au financement participatif et d’aller rencontrer des banques  afin d’évaluer leurs propositions. Il reste enfin possible de se faire accompagner par des structures de financement spécialisées dans les projets impliqués dans l’ESS et d’en examiner les dispositifs de financements.
« Nous étions les premiers sur le territoire et dans la région à imaginer un projet un peu hybride, associatif, pour la transformation alimentaire. Du coup, cela a donné de l’écho à notre projet. »
Cette phase permet d’aller plus loin dans l’étude de marché, d’étudier des éléments commerciaux et financiers pour élaborer le business model et le business plan, d’une organisation structurée, susceptible de trouver une clientèle et de générer des revenus.
« Nous avons fait le choix de nous constituer en association car nous voulions que ce soit un projet collectif, un projet qui mobilise du monde. Nous avons travaillé avec des bénévoles et tout un ensemble d’acteurs qui nous ont vraiment supportés pour monter ce projet-là. »
Cette étape permet d’établir un business model en accord avec votre projet. S’appuyant sur l’étude de marché, le modèle économique va préciser le marché dans lequel votre projet va évoluer, identifier les caractéristiques de vos futurs clients, et estimer un chiffre d’affaires prévisionnel. Ces informations permettront de construire un modèle économique juste pour les producteurs et les consommateurs car le projet de Manon a une valeur économique mais également solidaire et durable.
L’étude financière va permettre de préciser vos besoins et les coûts qu’engendre le projet à ses différentes étapes. Il faut évaluer le coût prévisionnel du projet en calculant les différentes dépenses, identifier les risques de financement et prévoir un plan de trésorerie.
Un business plan est l’assemblage des deux étapes précédentes. Il décrit le projet dans son ensemble, c’est-à-dire les conclusions de l’étude de marché, l’exposé de l’offre et le plan financier. Destiné à des tiers, il sert à convaincre du potentiel du projet, de la cohérence du modèle économique et de la bonne logique de la stratégie commerciale envisagée. La première page du business plan, l’executive summary, est une carte de visite du projet qui en présente les points clés
« Pour le moment, nous sommes constitués sous la forme d’une association mais, à l’avenir, l’idée peut être d’évoluer vers quelque chose comme une société coopérative, peut être une SCIC. Nous sommes en train de réfléchir pour pouvoir impliquer vraiment concrètement les producteurs, la banque alimentaire, mais également la ville et l’ensemble du territoire. »
Cette phase propose de structurer une équipe, de trouver une gouvernance et d’identifier une structure juridique adaptée au projet. Si les démarches à impact comme La Conserverie Locale utilisent des outils et des moyens d’action similaires à celles des entreprises privées, elles poursuivent des objectifs caractéristiques en mobilisant des ressources et des approches spécifiques.
« Chaque projet est différent et dépend de son porteur. En fait, la structure juridique que prend le projet dépend de l’ADN que l’on souhaite donner à son projet. »
Le choix de la forme juridique est une étape essentielle de la création d’une structure. Cette enveloppe légale doit correspondre à la philosophie du projet. Certains dispositifs d’accompagnement sont spécialisés dans ces démarches juridiques. Plusieurs formes juridiques sont envisageables pour un projet comme La conserverie locale.
« L’idée, c’est véritablement d’appuyer sur le fait que nous sommes un outil territorial qui a besoin de l’engouement de tous : de la métropole, de la ville, de département, de chacun. »
Créer une équipe efficace demande de réunir des compétences complémentaires, partageant des valeurs et un objectif commun autour d’un projet précis. Il faut ensuite préciser l’organisation au sein de l’entreprise, et privilégier, comme Manon, des acteurs qui sont prêts à s’engager sur le long terme pour concevoir et mettre en place un véritable pôle de transformation.
« Notre projet n’est pas simple, il requiert à la fois des experts techniques et des relais de terrain, il donne plein d’angles d’attaque sur lesquels il est possible d’agir. Ainsi, il faut que chacun puisse avoir son mot à dire dans cette aventure collective. »
Il faut se poser la question du statut le plus adapté à son projet, mais également un type de gouvernance adapté à votre organisation, reflet du projet et de sa philosophie.

ARES

Comment s’engager pour le retour à l’emploi de personnes en situation d’exclusion ?

NOUS ANTI-GASPI

Comment agir pour une alimentation responsable ?

LA CANTINE

Comment promouvoir une alimentation saine, locale et de saison ?

AMASCO

Comment offrir par le jeu, les mêmes chances de réussite à chaque enfant ?

Suivre l'actu et les rendez-vous de Mod'emplois

Nouvelles initiatives, podcasts, articles et rencontres entre entrepreneurs…

Merci pour votre inscription

Nous vous remercions pour votre inscription. Vous allez recevoir un mail de confirmation. Pensez à consulter vous spam ! 😊