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LA FABRIQUE OPÉRA

Isère, Grenoble : Pour démocratiser l’art lyrique , rendre l’opéra plus accessible à tous et attirer un public plus large, Patrick Souillot a lancé un concept de production d’opéras coopératifs qui impliquent les étudiants d’une région précise, dans la conception et la réalisation des différentes œuvres .
« Il n’y a que 4% des français qui vont à l’opéra. C’est formidable ! Cela signifie qu’il y a 96% des Français dont on peut s’occuper. »
Cette première phase propose une étude de marché simplifiée, comme un premier tour de piste pour s’assurer de la faisabilité de la duplication du projet. Il s’agit de collecter et d’analyser des informations sur l’environnement du lieu d’implantation du projet et d’identifier ses motivations, ses atouts et ses besoins.
« Concrètement, on prend un territoire et on va chercher toutes les compétences possibles et imaginables qui nous intéressent sur ce territoire pour co-construire ce que l’on appelle un opéra coopératif. »
Cette étape de collecte d’informations permet de vérifier les conditions de duplication du modèle La Fabrique Opéra. Il s’agit par exemple de s’assurer de la présence, sur le territoire en question, d’ élèves apprentis et d’ étudiants issus d’établissements d’enseignement professionnel et technique. On peut consulter la carte interactive des établissements d’enseignement supérieur de la création artistique , celle des écoles préparant à l’entrée dans ces établissements  ou de consulter la liste des conservatoires de France. Il peut être intéressant d’entrer en contact avec des sociétés de production audiovisuelle spécialisées dans le spectacle vivant, qui peuvent avoir des réseaux intéressants à solliciter et s’informer pour se familiariser avec la production et comprendre pourquoi l’opéra a du mal à se démocratiser, le but étant d’éviter l’intimidation sociale liée au lieu qu’est l’opéra. Il faut ensuite entrer en contact avec les municipalités afin de disposer d’un local communal pour les répétitions avec les jeunes et d’un lieu pour la représentation finale.
« Toute la difficulté est de parvenir à ce que les jeunes s’intéressent à l’opéra, or cette forme de spectacle leur est bien souvent étrangère. Il s’agit donc de les en approcher en en faisant quelque chose de populaire. »
Créer un projet comme La Fabrique Opéra demande de vérifier la compatibilité entre situation personnelle et projet. En effectuant d’abord un bilan personnel , étape importante permettant de s’assurer d’avoir les compétences nécessaires pour porter le projet. La construction d’un opéra nécessite certaines compétences artistiques qui ne sont pas innées. Selon son niveau d’expérience, diverses formules peuvent être mises en place. Ensuite, il faut envisager les spécificités du projet en consultant une fiche pratique sur la production d’ opéra contemporain et vérifier l’adéquation entre la situation du porteur de projet et le projet. Pour aider dans cette étape, il peut être intéressant de réaliser une analyse SWOT qui permet de se rendre compte de ses forces et faiblesses pour mener à bien ce projet.
« Est-ce que j’ai le même projet à Orléans, à Strasbourg et à Neuilly ? Bien sûr que non ! Sur chaque territoire les projets sont différents car les jeunes que je rencontre sont différents, les réseaux sur lesquels je m’appuie sont différents, les leviers d’accompagnement sont différents … et c’est tant mieux ! »
Après avoir identifié vos forces et vos faiblesses, défini les contours de votre projet, la phase d’accompagnement est primordiale : être accompagné est LA condition de réussite. Il existe en France de nombreuses structures répondant à une variété de besoins. Toutes permettent d’être entouré par d’autres porteurs de projets, d’autres professeurs, d’autres compositeurs et donc d’échanger, d’apprendre et d’être soutenu dans sa démarche.
« Le projet, il est co-construit avec chacun des acteurs. Ce n’est pas un truc qui vous descend comme ça un jour, et puis ça tombe tout cru et ça marche. Non, non, c’est petit à petit, on voit ce que l’on peut faire et avec qui il est le plus intéressant de travailler. »
Sur chaque territoire, des structures d’accompagnement existent. Il est préférable de se faire accompagner par des organismes et réseaux différents et complémentaires, pour encadrer le projet dès l’émergence de l’idée. Concernant l’initiative de La Fabrique d’Opéra, Patrick conseille de créer sa propre association . Il faut ensuite se faire accompagner à la fois sur le plan artistique mais également financier, logistique et pédagogique. La structure nationale de La Fabrique Opéra met à disposition des experts en charge du développement des projets ainsi qu’un savoir-faire consigné dans un manuel opérationnel qui guide le porteur de projet à chaque étape . Chaque année, ce sont ainsi un à deux nouveaux projets qui sont accompagnés par La Fabrique Opéra . Il est possible de se préinscrire à l’accompagnement pour 2023.
« Lorsque l’idée de faire essaimer le projet initial a germé, le soutien des pouvoirs publics a été décisif. Mais les opéras ont également bénéficié d’autres sources de financement : la fondation Carasso, SNCF, Bellon et la France s’engage par exemple. »
Lorsque l’on souhaite lancer un projet d’opéra, il faut d’abord trouver les capitaux pour couvrir les besoins nécessaires au lancement du projet. Il est possible de se tourner vers les pouvoirs publics : ministère de la culture , celui de la ville mais également les régions, départements et municipalités qui ont également des responsabilités concernant les activités culturelles et peuvent ainsi décider de participer au financement du projet. Il est ensuite possible de se tourner vers des fondations. Patrick a par exemple reçu le soutien de la fondation Carasso , SNCF , Bellon et La France s’engage. Il a également pu bénéficier de ressources humaines mises à disposition par Ronalpia . Il est ainsi possible de solliciter de multiples acteurs et de se faire aider dans les démarches par des incubateurs. Il est possible de rencontrer des banques afin d’évaluer leurs propositions. De manière plus spécifique, il est possible de se faire accompagner par des structures de financement spécialisées dans les projets impliqués à l’ESS. Il s’agit d’en examiner les dispositifs de financements.
« Au départ personne ne nous a cru, tout le monde nous a pris pour des fous. Pourtant, la première année, on est passés d’une petite association qui avait un budget de 40 000€ par an à une production qui coûte 500 000€ ».
Cette phase permet d’aller plus loin dans l’étude de marché, d’étudier des éléments commerciaux et financiers pour élaborer le business model et le business plan, d’une organisation structurée, susceptible de trouver une clientèle et de générer des revenus.
«Concernant le modèle économique, on compte d’abord sur nos recettes propres. C’est-à-dire que notre modèle économique repose sur au moins 65% de recettes propres. Le reste est constitué de mécénat et de subventions. »
Cette étape permet d’établir un business model en accord avec votre projet. S’appuyant sur l’étude de marché, le modèle économique va préciser le marché dans lequel votre projet va évoluer, identifier les caractéristiques de vos futurs clients, et estimer un chiffre d’affaires prévisionnel. Ces informations permettront de construire un modèle économique juste pour les artistes et les spectateurs car le projet de Patrick a une valeur économique mais également sociale et solidaire. C’est pourquoi le modèle économique de La Fabrique Opéra permet de proposer des places au tarif moyen raisonnable, entre 27 et 37€ selon la production, soit moitié moins qu’un opéra traditionnel.
L’étude financière va permettre de préciser vos besoins et les coûts qu’engendre le projet à ses différentes étapes. Il faut évaluer le coût prévisionnel du projet en calculant les différentes dépenses, identifier les possibilités de financement et prévoir un plan de trésorerie.
Un business plan est l’assemblage des deux étapes précédentes. Il décrit le projet dans son ensemble, c’est-à-dire les conclusions de l’étude de marché, l’exposé de l’offre et le plan financier. Destiné à des tiers, il sert à convaincre du potentiel du projet, de la cohérence du modèle économique et de la bonne logique de la stratégie commerciale envisagée. La première page du business plan, l’executive summary, est une carte de visite du projet. Il en présente les points clés permettant aux investisseurs d’avoir une vision rapide et globale.
« Il y a plus de pouvoir pour lever et inventer des choses dans le milieu associatif qu’avec tout ce qui se fait traditionnellement au sein des grandes institutions. »
Cette phase propose de structurer une équipe, de trouver une gouvernance et d’identifier une structure juridique adaptée au projet. Si les structures de l’économie sociale et solidaire comme La Fabrique de l’Opéra utilisent des outils et des moyens d’action similaires à celles des entreprises privées, elles poursuivent des objectifs caractéristiques en mobilisant des ressources et des approches spécifiques.
“ Après le succès du premier opéra monté à Grenoble, nous avons décidé de créer une structure nationale, La Fabrique Opéra. Mais cette dernière n’est là que pour accompagner les autres projets qui essaiment. Tous les porteurs de projets fondent leur propre association dont ils sont les directeurs et avec une gouvernance propre. ”
Le choix de la forme juridique est une étape essentielle de la création d’une structure. Cette enveloppe légale doit correspondre à la philosophie du projet. Pour monter votre propre opéra, le plus simple est de créer une association. Pour cela vous pouvez être guidé par L’association nationale La Fabrique Opéra, qui vous aidera dans les démarches pour lancer votre projet dans le territoire où vous êtes implanté. Cela vous permettra de partager leur marque avec simplement un contrat sur les valeurs à respecter.
« Il faut une équipe qui soit diverse pour être suffisamment forte sur le territoire pour avoir tous les leviers nécessaires : artistiques, pédagogiques, sociaux, entrepreneuriaux, économiques, c’est ça le plus important. »
Créer une équipe efficace demande de réunir des compétences complémentaires, partageant des valeurs et un objectif commun autour d’un projet précis. Il faut ensuite préciser l’organisation au sein de l’association, et privilégier, comme Patrick, des personnes qui ont des expériences et des formations diverses afin de renforcer la créativité et agrandir son réseau.
« Le modèle associatif facilite les échanges entre personnes. Une fois que l’équipe est prête, il faut avancer progressivement et toujours ensemble : d’abord en choisissant l’œuvre, puis la date, les partenaires pédagogiques, etc. »
Il faut se poser la question du statut le plus adapté à son projet, mais également un type de gouvernance adapté à votre organisation, reflet du projet et de sa philosophie.

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