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LAINES PAYSANNES

Saverdun, Ariège : Pour valoriser une agriculture paysanne autonome et économe, Olivia Bertrand et Paul de Latour ont créé Laines paysannes , un projet qui permet aux paysans de vivre décemment de leur métier en produisant laines de qualité dans le respect de l’animal.
« Avec mon compagnon, qui est éleveur de moutons, nous trouvions cela illogique qu’il y ait très peu de débouchés pour les laines locales qui sont exportées à près de 90% à l’étranger. » Cette première phase propose une étude de marché (A) simplifiée, comme un premier tour de piste pour s’assurer de la faisabilité de la duplication du projet. Il s’agit de collecter et d’analyser des informations sur l’environnement du lieu d’implantation du projet et d’identifier ses motivations, ses atouts et ses besoins.
« Pour lancer un tel projet, il faut évidemment des moutons pas trop loin. Et puis surtout, il faut être créatif. Ce sont des filières qui se sont effondrées et donc cela demande d’être assez inventifs pour trouver des solutions. » Cette étape de collecte d’informations permet de vérifier les caractéristiques indispensables à la duplication du modèle de Laines paysannes. Il s’agit de trouver des éleveurs locaux motivés dans une zone géographique précise. Pour cela, on peut s’appuyer sur l’annuaire de la filière ovine , entrer en contact avec des tisserands ou des fileurs de laine . Pour mieux comprendre les enjeux du projet, il est important de se pencher sur les notions d’agriculture paysanne (B-3), d’agro pastoralisme (C) et d’appréhender les principes des circuits-courts (D-4). Il faut ensuite analyser les besoins en laine de la région préemptée. Il est donc important d’effectuer une étude de concurrence (E-5) avant de se lancer.
« Je crois que la principale force de notre projet, c’est qu’il est reconductible. Il y a beaucoup de projets autour de la laine qui éclosent partout en France et qui prennent des formes diverses en fonction des capacités de transformation et de la filière textile locale. » Créer un projet comme Laines paysannes demande de vérifier la compatibilité entre sa situation personnelle et le projet visé. Paul était éleveur de moutons en bio et Olivia tisserande de formation, ce qui leur donnait nécessairement des clés d’entrée dans la filière de la laine. Il est possible de vérifier cette concordance en réalisant un bilan personnel. On peut également examiner les spécificités du secteur en consultant des fiches métiers comme celle d’éleveur ou de tisserand , cela vous permettra d’avoir une idée plus concrète de l’écosystème du projet.
« Nous avons été très soutenus par le territoire, donc, à différents niveaux, par les institutions. C’était très important au niveau de l’ingénierie, mais également au niveau financier et au niveau du soutien moral. » Après avoir identifié vos forces et vos faiblesses, défini les contours de votre projet, la phase d’accompagnement est primordiale : être accompagné est LA condition de réussite. Il existe en France de nombreuses structures répondant à une variété de besoins. Toutes permettent d’être entouré par d’autres porteurs de projets et donc d’échanger, d’apprendre et d’être soutenu dans sa démarche.
« L’association, L’Atelier laines d’Europe, qui met en lien des porteurs de projets liés à la laine, a été un gros point de départ car elle nous a permis de nous rendre compte que nous n’étions pas seuls. » Au niveau national comme à l’échelle plus régionale, les structures d’accompagnement sont diverses. Il est préférable de se faire accompagner par des organismes complémentaires, pour encadrer le projet dès l’émergence de l’idée. Pour mener un projet comme Laines paysannes, il est intéressant, comme l’ont fait Olivia et Paul, de se rapprocher de l’association L’atelier laines d’Europe qui fédère près de 300 adhérents et permet de se constituer un réseau. Structurer un projet exige des compétences techniques, juridiques et financières. Il est pour cela possible de faire appel à des incubateurs (F) ou se former via l’offre de formations gratuites et/ou potentiellement financées par le CPF (G-10) ou encore de se rapprocher des organismes d’aides régionales (H).
« Curieusement, le banquier nous a fait confiance et nous a toujours beaucoup soutenu, même quand nous-mêmes nous doutions. » Olivia et Paul ont obtenu des subventions des collectivités qui leur ont permis d’installer les premiers locaux de Laines paysannes. L’Agence des Pyrénées a financé le premier site internet de l’association. Du côté des acteurs privés, il est possible d’aller chercher des financements des fondations (I) ou des réseaux de business Angels (J) : le CE d’Air France a aidé Olivia et Paul à créer les statuts juridiques de l’association. Il est aussi possible d’avoir recours au financement participatif. Enfin, on peut rencontrer la banque des territoires. Olivia et Paul ont été accompagnés par le Crédit Mutuel et la Banque de France . Il s’agit également d’analyser les dispositifs de financement des pouvoirs publics
« Aujourd’hui, je dirai que le projet, c’est le reflet de chacun, il est incarné par toutes les personnes de l’équipe. » Cette phase permet d’aller plus loin dans l’étude de marché, d’étudier des éléments commerciaux et financiers pour élaborer le business model (K) et le business plan, d’une organisation structurée, susceptible de trouver une clientèle et de générer des revenus.
« Laines paysannes est un projet qui est très militant au départ, avec un modèle économique qui n’est pas forcément évident, qui est en construction, et ça demande des profils de personnes qui s’investissent vraiment. » Cette étape permet d’établir un business model en accord avec un projet. S’appuyant sur l’étude de marché, le modèle économique va préciser le marché dans lequel le projet va évoluer, identifier les caractéristiques des futurs clients, et estimer un chiffre d’affaires prévisionnel. Ces informations permettront de construire un modèle économique juste pour les producteurs et les consommateurs car le projet d’Olivia et Paul a une valeur économique mais également solidaire et durable.
L’étude financière va permettre de préciser les besoins et les coûts qu’engendre le projet à ses différentes étapes. Il faut évaluer le coût prévisionnel du projet en calculant les différentes dépenses, identifier les possibilités de financement et prévoir un plan de trésorerie.
Un business plan est l’assemblage des deux étapes précédentes. Il décrit le projet dans son ensemble, c’est-à-dire les conclusions de l’étude de marché, l’exposé de l’offre et le plan financier. Destiné à des tiers, il sert à convaincre du potentiel du projet, de la cohérence du modèle économique et de la bonne logique de la stratégie commerciale envisagée. La première page du business plan, l’executive summary (L), est une carte de visite du projet qui en présente les points clés
« La société coopérative permet d’avoir un système qui s’éloigne des modes de pensée capitaliste, c’est-à-dire que l’on ne puisse pas avoir d’actionnaires par exemple. Finalement, l’entreprise appartient plus à un collectif, elle ne nous appartient pas à nous. » Cette phase propose de structurer une équipe, de trouver une gouvernance et d’identifier une structure juridique (M-21) adaptée au projet. Si les entreprises à impact comme Laines paysannes utilisent des outils et des moyens d’action similaires à celles des entreprises privées, elles poursuivent des objectifs caractéristiques en mobilisant des ressources et des approches spécifiques.
“ Par simplicité, nous avons commencé à nous structurer sous forme d’association, puis, pour nous développer, nous avons opté pour le statut de SCIC. ” Le choix de la forme juridique est une étape essentielle de la création d’une structure. Cette enveloppe légale doit correspondre à la philosophie du projet. Certains dispositifs d’accompagnement sont spécialisés dans ces démarches juridiques. Olivia et Paul ont d’abord créé une association,. Pour des raisons pratiques comme philosophiques, ils ont ensuite opté pour le statut de SCIC (N-23). Plusieurs formes juridiques sont donc envisageables pour un projet comme Laines paysannes.
« Au départ nous étions deux, aujourd’hui nous sommes 50 sur le projet et l’équipe continue de s’étoffer. Et c’est hyper important pour nous que chaque personne puisse trouver sa place et, d’une certaine façon, construire son propre poste. » Créer une équipe efficace demande de réunir des compétences complémentaires, partageant des valeurs et un objectif commun autour d’un projet précis. Il faut ensuite préciser l’organisation au sein de l’entreprise, et privilégier, comme Olivia et Paul, des acteurs prêts à embrasser un projet à forte dimension militante.
« Au départ, nous avons commencé avec zéro profil école de commerce, paysans, artisans, donc aucune clé et ce n’est pas simple d’imaginer comment on s’organise dans ces conditions. Donc chacun essaye de se former et on trouve finalement une organisation selon les points forts de chacun. » Il faut se poser la question du statut le plus adapté à son projet, mais également un type de gouvernance (O-24) adaptée à votre organisation, reflet du projet et de sa philosophie.

TchaoMégots

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