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LE COMPTOIR DE L’HIRONDELLE

Nord, Lille : Pour proposer des vêtements adaptés aux seniors et répondre aux exigences de la vie en EHPAD, Nathalie Yves a fondé le Comptoir de l’hirondelle, un concept de boutique éphémère dans les maisons de retraite. Cette initiative transforme un espace de vie de l’établissement en lieu de défilé le temps d’une journée.
« Notre dispositif de boutique pop-up se déplace d’EHPAD en EHPAD et vient recréer l’ambiance d’une petite boutique pour que les personnes âgées en perte d’autonomie puissent continuer à choisir elles-mêmes les vêtements qu’elles souhaitent porter. »
Cette première phase propose une étude de marché simplifiée, comme un premier tour de piste pour s’assurer de la faisabilité de la duplication du projet. Il s’agit de collecter et d’analyser des informations sur l’environnement du lieu d’implantation du projet et d’identifier ses motivations, ses atouts et ses besoins.
« Ce n’est pas l’acte marchand qui a de la valeur dans ce que je fais, c’est vraiment la relation humaine et le contact avec la personne âgée. »
Cette étape de collecte d’informations permet de vérifier les caractéristiques indispensables à la duplication du modèle du comptoir de l’hirondelle. Pour mieux connaître le territoire sur lequel vous souhaitez vous lancer, il s’agit de contacter les EHPAD de la région, d’entrer en contact avec des professionnels de santé qui peuvent conseiller la conception et l’animation des ateliers ou de contacter l’équipe des Comptoirs de l’Hirondelle. Il est aussi important de s’informer en amont sur des notions telles que celles de grand-âge , d’aidant ou de bien vieillir.
« Le point fort de notre projet c’est qu’il s’intéresse à un des grands enjeux du futur : le défi du grand-âge. Nous avons beaucoup de demandes de partout en France et aimerions beaucoup que notre projet se développe sur d’autres territoires. »
Créer un projet comme le Comptoir de l’hirondelle demande de vérifier la compatibilité entre sa situation personnelle et le projet. Il faut en effet avoir à la fois la fibre commerciale car il s’agit de vendre une prestation et des biens à des clients et une fibre sociale car le public auquel s’adresse Nathalie exige une attention spécifique. Pour vérifier cette adéquation, il est recommandé d’effectuer un bilan personnel, étape permettant de s’assurer d’avoir les compétences nécessaires pour porter le projet. Ensuite, il faut envisager les spécificités du secteur en consultant des fiches métiers telles que celles de vendeur en boutique d’habillement ou d’aide soignant.
« J’ai eu beaucoup de chance quand j’ai quitté mon emploi début de 2019, très rapidement j’ai fait connaître ce que je faisais et j’ai été identifiée par un incubateur de l’économie sociale et solidaire. »
Après avoir identifié vos forces et vos faiblesses, défini les contours de votre projet, la phase d’accompagnement est primordiale : être accompagné est LA condition de réussite. Il existe en France de nombreuses structures répondant à une variété de besoins. Toutes permettent d’être entouré par d’autres porteurs de projets et donc d’échanger, d’apprendre et d’être soutenu dans sa démarche.
« J’ai été accompagnée par un coach avec lequel j’ai pu affiner le modèle, j’ai pu me libérer de certaines craintes et prendre confiance dans mon initiative. »
Au niveau national comme à l’échelle régionale, les structures d’accompagnement sont diverses. Il est préférable de se faire accompagner par des organismes complémentaires, pour encadrer le projet dès l’émergence de l’idée. Nathalie s’est faite accompagner pendant 10 mois par l’incubateur lillois Evident qui a mis à sa disposition un coach pour l’aider à structurer son projet, comme le font d’autres incubateurs en France. Nathalie s’est ensuite tournée vers l’accélérateur Antropia ESSEC qui lui a permis d’acquérir le label E&MISE. Pour des besoins plus spécifiques, il est possible de se former via l’offre de formations gratuites et/ou potentiellement financées par le CPF et se rapprocher des organismes d’aides régionales.
« Une société de solutions de mobilité pour personnes âgées m’a proposé d’entrer dans mon capital. J’ai donc trouvé un associé, un partenaire financier et en plus de ça un partenaire logistique important. »
Lancer un projet comme celui de Nathalie nécessite d’investir au démarrage du projet. Il est nécessaire de trouver des partenaires financiers. Il est possible d’obtenir des subventions des collectivités : communes, départements, régions et même l’Etat. Nathalie a pu bénéficier de l’offre de la société Tous Ergo, société de solutions de mobilité pour les personnes âgées. Elle a ensuite bénéficié de deux subventions de Malakoff Humanis. On peut solliciter des fondations ou même des réseaux de business angels. Chacun pouvant se sentir concerné par la thématique du vieillissement, il peut également être intéressant de mener une campagne de financement participatif. Enfin, il est possible d’aller voir les banques pour analyser leurs propositions.
« Peu à peu, je me suis aperçue que le modèle ce n’est pas du papier, le modèle, c’est de l’humain. »
Cette phase permet d’aller plus loin dans l’étude de marché, d’étudier des éléments commerciaux et financiers pour élaborer le business model et le business plan, d’une organisation structurée, susceptible de trouver une clientèle et de générer des revenus.
« Aujourd’hui, Malakoff m’achète des forfaits, des tickets pour pouvoir aller prester dans les EHPAD. On sent qu’il y a de vraies volontés des collectivités, des financeurs et surtout un vrai besoin donc on continue. »
Cette étape permet d’établir un business model en accord avec votre projet. S’appuyant sur l’étude de marché, le modèle économique va préciser le marché dans lequel votre projet va évoluer, identifier les caractéristiques de vos futurs clients, et estimer un chiffre d’affaires prévisionnel. Ces informations permettront de construire un modèle économique juste pour les EHPAD clients et les équipes du Comptoir de l’hirondelle car le projet de Nathalie a une valeur économique mais également solidaire et sociale.
L’étude financière va permettre de préciser vos besoins et les coûts qu’engendre le projet à ses différentes étapes. Il faut évaluer le coût prévisionnel du projet en calculant les différentes dépenses, identifier les possibilités de financement et prévoir un plan de trésorerie.
Un business plan est l’assemblage des deux étapes précédentes. Il décrit le projet dans son ensemble, c’est-à-dire les conclusions de l’étude de marché, l’exposé de l’offre et le plan financier. Destiné à des tiers, il sert à convaincre du potentiel du projet, de la cohérence du modèle économique et de la bonne logique de la stratégie commerciale envisagée. La première page du business plan, l’executive summary, est une carte de visite du projet qui en présente les points clés.
« J’ai tout d’abord déposé les statuts d’une SASU parce que j’étais seule et, ensuite, en faisant entrer mon associé, on s’est transformés en SAS, avec un petit capital de départ et un apport en capital. »
Cette phase propose de structurer une équipe , de trouver une gouvernance et d’identifier une structure juridique adaptée au projet. Si les structures comme le Comptoir de l’hirondelle utilisent des outils et des moyens d’action similaires à ceux des entreprises privées, elles poursuivent des objectifs caractéristiques en mobilisant des ressources et des approches spécifiques.
“ Aujourd’hui, nous avons une S.A.S, Comptoir de l’hirondelle, qui a un capital de 50 000€. ”
Le choix de la forme juridique est une étape essentielle de la création d’une structure. Cette enveloppe légale doit correspondre à la philosophie du projet. Certains dispositifs d’accompagnement sont spécialisés dans ces démarches juridiques. Nathalie a par exemple été accompagnée par un incubateur de l’ESS. Le comptoir de l’hirondelle est aujourd’hui structuré en S.A.S mais, souhaitant faire essaimer son initiative à moyen terme, Nathalie se pose la question de développer une franchise solidaire .
« Au départ, c’était seule que j’ai lancé ce projet, mais un associé m’a désormais rejoint et nous sommes deux dans l’équipe. »
Créer une équipe efficace demande de réunir des compétences complémentaires, partageant des valeurs et un objectif commun autour d’un projet précis. Il faut ensuite préciser l’organisation au sein de l’entreprise, et privilégier, comme Nathalie, des personnes qui priorisent le côté humain et relationnel.
« L’idée, c’est de multiplier, d’essaimer. Après, je ne sais pas encore sous quelle forme. »
Il faut se poser la question du statut le plus adapté à son projet, mais également du type de gouvernance adapté à votre organisation, reflet du projet et de sa philosophie.

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