Mod’emplois

LES COMMUNS

Ardèche, Chirols : Pour proposer de nouvelles modalités d’habitat et prendre le contre-pied des rénovations à desseins saisonniers et touristique, Guy Zollkau et Juliette Roussille participent au projet du moulinage de Chirols, un chantier participatif pour créer un pôle artistique et culturel dans une ancienne usine.
« Nous sommes une vingtaine à avoir acheté ce lieu qui représente, en termes de bâti, 5 000m2 à réhabiliter. »
Cette première phase propose une étude de marché simplifiée, comme un premier tour de piste pour s’assurer de la faisabilité de la duplication du projet. Il s’agit de collecter et d’analyser des informations sur l’environnement du lieu d’implantation du projet et d’identifier ses motivations, ses atouts et ses besoins.
« Pour un projet comme celui-ci, qui est très en lien avec le territoire, il est important de bien connaître la commune. Ce qui nous a beaucoup plu, c’est d’ailleurs ce lien avec un village qui était tout à fait accueillant et ravi que l’on s’occupe de cette ancienne usine. »
Cette étape de collecte d’informations permet de vérifier que le lieu d’implantation du projet présente les caractéristiques indispensables à la duplication du modèle du Collectif du moulinage de Chirols. Pour reproduire ce projet, il s’agit de réunir un collectif de personnes susceptibles de racheter collectivement un ancien bâtiment pour y développer des activités. Pour trouver ce type d’endroits on peut se rapprocher de la fondation du patrimoine (1) ou entrer en contact avec des associations de chantiers de bénévoles qui ont parfois déjà initié des programmes de rénovation. Une fois le lieu identifié, il faut réunir un collectif de personnes prêtes à s’engager pour le racheter, le rénover et penser à son utilité future. Pour cela, il est nécessaire de bien connaître le terrain afin de savoir si un collectif existe déjà ou si la municipalité ou d’autres acteurs ont déjà entrepris des démarches en faveur du lieu en question. Il est ensuite utile de s’informer sur des thématiques comme celles d’habitat participatif, de réhabilitation écologique ou encore les métiers d’art.
« Ce qui nous a beaucoup aidé c’est que nous avons pris le temps, un week-end par mois, de nous voir, de discuter, de parler, de bien se connaître. Cela nous a permis d’évoquer des questions de fond comme sur la gouvernance, le juridique ou comment être remboursé si l’on quitte le projet. »
Créer un projet comme celui du moulinage de Chirols demande de vérifier la compatibilité entre sa situation personnelle et le projet. Il faut en effet être prêt à modifier l’ensemble de son mode de vie pour se lancer dans un tel processus. Évidemment, il est possible de s’investir plus ou moins mais, dans la mesure où il s’agit de chantiers importants, le projet est nécessairement chronophage et engageant. Il est possible de s’assurer de cette compatibilité en effectuant un bilan personnel. Il faut ensuite s’informer sur les spécificités du secteur en consultant des fiches métier aussi variées que paysagiste ou architecte.
« Etant donné que c’est un très gros projet, nous avons beaucoup de compétences en interne. Toutes ces compétences sont mises en partage et permettent le développement du projet sur à peu près tous les fronts. »
Après avoir identifié vos forces et vos faiblesses, défini les contours de votre projet, la phase d’accompagnement est primordiale : être accompagné est LA condition de réussite. Il existe en France de nombreuses structures répondant à une variété de besoins. Toutes permettent d’être entouré par d’autres porteurs de projets et donc d’échanger, d’apprendre et d’être soutenu dans sa démarche.
« Nous sommes accompagnés en interne par un architecte, un paysagiste, des électriciens, des personnes qui ont des compétences poussées en BTP ou en commerce. »
Au niveau national comme à l’échelle plus régionale, les structures d’accompagnement sont diverses. Il est préférable de se faire accompagner par des organismes complémentaires, pour encadrer le projet dès l’émergence de l’idée. Le projet du collectif du moulinage de Chirols est aujourd’hui très avancé ce qui lui permet d’être accompagné, sur de nombreux points, par ses propres membres. L’équipe s’est faite accompagner, en début de projet, par des organismes externes. Guy et Juliette ont été appuyés par les compagnons Oasis et par un avocat en économie sociale et solidaire. Pour l’accompagnement juridique et financier, on peut avoir recours à des incubateurs. Pour des besoins à long terme d’une compétence spécifique, il est possible de se former via l’offre de formations gratuites et/ou potentiellement financées par le CPF et se rapprocher des organismes d’aides régionales ou d’autres aides locales.
« La première aide que nous ayons eue, nous avons décidé de l’affecter à l’emploi de Gaëlle, une salariée en charge, justement, de la recherche de financements. »
Dans ce projet, les besoins de financement sont immenses. Le plus complexe est de trouver un premier soutien. Ici, c’est la fondation de France qui a joué ce rôle. L’aide qu’elle a accordée a permis l’embauche d’une salariée chargée de la recherche de partenaires financiers. La municipalité, le département de l’Ardèche et la région Auvergne-Rhône-Alpes ont accordé des fonds. Le moulinage a aussi bénéficié d’une aide du ministère de la culture dans le cadre du plan de relance. L’Europe a versé une subvention dans le cadre du projet Leader qui promeut l’expérimentation de nouvelles formes de développement. Il est ensuite possible de s’adresser aux acteurs privés par le biais de fondations ou de business Angels. Le moulinage a été soutenu par la fondation du patrimoine en tant que lauréat de la mission Bern. Il peut également être intéressant de mener une campagne de financement participatif. Enfin, il est possible d’aller voir les banques pour analyser leurs propositions et d’examiner certaines propositions de financement.
« A l’origine, nous n’étions qu’une vingtaine à acheter ce lieu. »
Cette phase permet d’aller plus loin dans l’étude de marché, d’étudier des éléments commerciaux et financiers pour élaborer le business model et le business plan, d’une organisation structurée, susceptible de trouver une clientèle et de générer des revenus.
« Nous nous sommes structurés autour de 3 pôles : un pôle habitat, un pôle d’activités et un pôle culturel. »
Cette étape permet d’établir un business model en accord avec votre projet. S’appuyant sur l’étude de marché, le modèle économique va préciser le marché dans lequel votre projet va évoluer, identifier les caractéristiques de vos futurs bénéficiaires, et estimer un chiffre d’affaires prévisionnel. Ces informations permettront de construire un modèle économique juste pour les professionnels qui travaillent sur le lieu et les habitants qui y vivent car le projet du moulinage de Chirols a une valeur économique mais également solidaire et durable.
L’étude financière va permettre de préciser vos besoins et les coûts qu’engendre le projet à ses différentes étapes. Il faut évaluer le coût prévisionnel du projet en calculant les différentes dépenses, identifier les possibilités de financement et prévoir un plan de trésorerie.
Un business plan est l’assemblage des deux étapes précédentes. Il décrit le projet dans son ensemble, c’est-à-dire les conclusions de l’étude de marché, l’exposé de l’offre et le plan financier. Destiné à des tiers, il sert à convaincre du potentiel du projet, de la cohérence du modèle économique et de la bonne logique de la stratégie commerciale envisagée. La première page du business plan, l’executive summary, est une carte de visite du projet qui présente les points clés.
« Pour acquérir le foncier, nous avons monté une coopérative. Cependant, au départ, nous étions structurés sous forme associative. Aujourd’hui, cette association perdure et c’est elle qui est chargée de porter le projet d’intérêt général autour de l’accueil public. »
Cette phase propose de structurer une équipe, de trouver une gouvernance et d’identifier une structure juridique adaptée au projet. Si les projets comme Les communs utilisent des outils et des moyens d’action similaires à ceux d’autres chantiers, ils poursuivent des objectifs caractéristiques en mobilisant des ressources et des approches spécifiques.
“ Le fonctionnement autour de deux structures nous permet de solliciter des soutiens financiers différents. ”
Le choix de la forme juridique est une étape essentielle de la création d’une structure. Cette enveloppe légale doit correspondre à la philosophie du projet. Certains dispositifs d’accompagnement sont spécialisés dans ces démarches juridiques. Pour un projet comme celui du moulinage, il est possible d’adopter plusieurs formes comme l’association ou la coopérative.
« Nous nous sommes tous mis d’accord et engagé à investir dans le projet en fonction de la surface à usage privé que l’on se destine à utiliser. »
Créer une équipe efficace demande de réunir des compétences complémentaires, partageant des valeurs et un objectif commun autour d’un projet précis. Il faut ensuite préciser l’organisation au sein de la structure, et privilégier, comme Guy et Juliette, des personnes qui sont prêtes à se plier aux mêmes règles édictées dans une charte.
« Sur la gouvernance, nous nous sommes inspirés de tout ce qui a trait à la sociocratie (O). Le vote est un dernier recours, mais sinon on pratique les décisions par consentement mutuel. »
Il faut se poser la question du statut le plus adapté à son projet, mais également du type de gouvernance adapté à votre organisation, reflet du projet et de sa philosophie.

ARES

Comment s’engager pour le retour à l’emploi de personnes en situation d’exclusion ?

NOUS ANTI-GASPI

Comment agir pour une alimentation responsable ?

LA CANTINE

Comment promouvoir une alimentation saine, locale et de saison ?

AMASCO

Comment offrir par le jeu, les mêmes chances de réussite à chaque enfant ?

Suivre l'actu et les rendez-vous de Mod'emplois

Nouvelles initiatives, podcasts, articles et rencontres entre entrepreneurs…

Merci pour votre inscription

Nous vous remercions pour votre inscription. Vous allez recevoir un mail de confirmation. Pensez à consulter vous spam ! 😊