Mod’emplois

VIGNES DE COCAGNE

Pour accompagner et réinsérer des personnes éloignées de l’emploi, Pauline Chatin a créé Vignes de Cocagne en 2015, projet d’insertion en viticulture, une production biologique et artisanale qui n’utilise ni désherbants ni insecticides.
« Pour développer un tel projet, il faut avoir des compétences dans 3 domaines : la viticulture, l’accompagnement social et la gestion d’entreprise. Ce n’est pas simple mais notre modèle est la preuve qu’en se formant on peut y arriver ! » Cette première phase propose une étude de marché simplifiée, comme un premier tour de piste pour s’assurer de la faisabilité de la duplication du projet. Il s’agit de collecter et d’analyser des informations sur l’environnement du lieu d’implantation du projet et d’identifier ses motivations, ses atouts et ses besoins.
«Notre initiative répond à deux problématiques auxquelles est confronté le département de l’Hérault : celle du chômage, de la précarité et celle des difficultés à recruter localement des ouvriers viticoles. » Cette étape de collecte d’informations permet de vérifier les caractéristiques indispensables à la duplication du modèle Vignes de Cocagne. Il s’agit d’identifier des viticulteurs qui font face à des difficultés de recrutement. Ces derniers peuvent être contactés grâce à des annuaires en ligne. Il faut ensuite s’enquérir auprès d’eux de leurs attentes concernant leur volonté de s’engager en faveur d’une agriculture durable, d’une alimentation durable, de circuits courts ainsi que de devenir acteurs de l’insertion par l’activité économique.
« La compétence la plus complexe à acquérir est la gestion d’entreprise, c’est le nerf de la guerre. Il s’agit de gérer et d’arriver à un modèle économique qui soit viable et pérenne. Il est possible d’acquérir des savoirs et de l’expérience dans ce domaine, en particulier en faisant appel à des accompagnateurs comme le réseau Cocagne. » Un projet comme Vigne de Cocagne demande de vérifier la compatibilité entre sa situation personnelle et le projet. En effectuant d’abord un bilan personnel, étape permettant de s’assurer d’avoir les compétences nécessaires pour porter le projet. Il est important d’avoir des compétences en viticulture et la volonté de travailler à la réinsertion des publics éloignés de l’emploi. Ensuite, il faut envisager les spécificités du secteur en consultant des fiches métiers et vérifier l’adéquation entre votre situation et votre projet.
« C’est avec l’aide de multiples partenaires que mon projet a pu se consolider et que je suis partie sur de bonnes bases. C’est grâce à eux que j’ai trouvé la confiance en moi nécessaire au lancement et à la réalisation de ce projet.» Après avoir identifié vos forces et vos faiblesses, défini les contours de votre projet, la phase d’accompagnement est primordiale : être accompagné est LA condition de réussite. Il existe en France de nombreuses structures répondant à une variété de besoins. Toutes permettent d’être entourés par d’autres porteurs de projets et donc d’échanger, d’apprendre et d’être soutenu dans sa démarche.
« J’ai été très accompagnée pour monter ce projet. D’abord par le Réseau Cocagne, qui est la première structure que je suis allée rencontrer. Mais également par plusieurs incubateurs : Anthropia, Alter’Incub et SupAgro. Pour moi, cet accompagnement était une chance formidable, ça m’a permis d’acquérir un réseau. » Au niveau national comme à l’échelle régionale, les structures d’accompagnement sont diverses. Il est préférable de se faire accompagner par des organismes complémentaires, pour encadrer le projet dès l’émergence de l’idée. Il faut s’adresser aux bons réseaux supports, comme le Réseau Cocagne qui, grâce à son expérience de chantiers d’insertion pour les structures maraîchères, a accompagné Pauline pour développer son projet. Les incubateurs sont également d’excellents interlocuteurs. Pour passer de l’idée au projet, Pauline s’est appuyée sur l’expertise d’Anthropia, l’incubateur de l’ESSEC. Elle s’est ensuite adressée à Alter’Incub, l’incubateur de l’Union régionale des SCOP (J) d’Occitanie ainsi qu’à SupAgro (11) pour renforcer ses compétences en agronomie et étoffer son réseau. Des incubateurs existent pour épauler les entrepreneurs dans chaque phase de leur projet (12). Si besoin, il est également possible de se former via l’offre de formations gratuites et/ou potentiellement financées par le CPF (K-13) et se rapprocher des organismes d’aides régionales (L-14).
« Notre objectif est un modèle économique basé à 80% sur notre propre chiffre d’affaires et à 20% sur les subventions au travers des aides au poste, c’est-à-dire un fonctionnement classique pour une entreprise d’insertion.» Il faut d’abord trouver les capitaux pour couvrir les besoins nécessaires au lancement du projet et financer le début de l’activité. Pour trouver ces fonds initiaux, il est possible de se tourner vers des fondations (15) ou d’aller rencontrer des banques (16) afin d’évaluer leurs propositions. On peut se faire accompagner par des structures de financement spécialisées (17) dans les projets impliquées à l’ESS. Il s’agit d’en examiner les dispositifs de financements (18).
« J’ai choisi de monter la structure sous forme de SCIC, donc de société coopérative d’intérêt collectif. L’idée est d’avoir une structure similaire à celle d’une entreprise mais avec une gestion désintéressée et un but d’utilité sociale. » Cette phase permet d’aller plus loin dans l’étude de marché (19), d’étudier des éléments commerciaux et financiers pour élaborer le business model (M-20) et le business plan, d’une organisation structurée, susceptible de trouver une clientèle et de générer des revenus.
« Ce qui est intéressant, c’est que les sociétaires qui vont faire partie de la gouvernance sont des acteurs qui sont impliqués dans le projet. » Cette étape permet d’établir un business model en accord avec votre projet. S’appuyant sur l’étude de marché, le modèle économique va préciser le marché dans lequel votre projet va évoluer, identifier les caractéristiques de vos futurs clients, et estimer un chiffre d’affaires prévisionnel. Ces informations permettront de construire un modèle économique juste pour les viticulteurs et les salariés en insertion car le projet de Pauline a une valeur économique mais également solidaire et durable.
L’étude financière (N-21) va permettre de préciser vos besoins et les coûts qu’engendre le projet à ses différentes étapes. Il faut évaluer le coût prévisionnel du projet en calculant les différentes dépenses, identifier les risques de financement et prévoir un plan de trésorerie. Il faut donc à la fois prendre en compte le coût de la production de raison mais également celui de la masse salariale et de formation des salariés en insertion par exemple.
Un business plan (22) est l’assemblage des deux étapes précédentes. Il décrit le projet dans son ensemble, c’est-à-dire les conclusions de l’étude de marché, l’exposé de l’offre et le plan financier. Destiné à des tiers, il sert à convaincre du potentiel du projet, de la cohérence du modèle économique et de la bonne logique de la stratégie commerciale envisagée. La première page du business plan, l’executive summary (O), est une carte de visite du projet qui en présente les points clés.
« Je trouve que la gouvernance sous forme de SCIC apporte beaucoup de richesse parce que chacun a un intérêt à ce que le projet se développe. Il n’est pas forcément le même mais il permet de construire un projet qui soit le plus complet possible. » Cette phase propose de structurer une équipe, de trouver une gouvernance (P) et d’identifier une structure juridique (Q-23) adaptée au projet. Si les entreprises à impact comme Les Vignes de Cocagne ( 24) utilisent des outils et des moyens d’action similaires à celles des entreprises privées, elles poursuivent des objectifs caractéristiques en mobilisant des ressources et des approches spécifiques.
“ Aujourd’hui, notre statut de SCIC fluidifie notre gouvernance. Nous sommes huit sociétaires, personnes morales ou physiques.” Le choix de la forme juridique est une étape essentielle de la création d’une structure. Cette enveloppe légale doit correspondre à la philosophie du projet. Certains dispositifs d’accompagnement sont spécialisés dans ces démarches juridiques. Pauline a fait le choix de la Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) (R-25). Elle gère ainsi une société commerciale qui a la particularité d’associer à la gestion l’ensemble des acteurs concernés par le projet : viticulteurs, salariés en insertion, commune de Fabrègues, etc.
« Ce qui est intéressant c’est que les sociétaires font tous partie de la gouvernance et sont ainsi des acteurs directement impliqués dans le projet. » Créer une équipe efficace (26) demande de réunir des compétences complémentaires, partageant des valeurs et un objectif commun autour d’un projet précis. Il faut ensuite préciser l’organisation au sein de l’entreprise, et ne pas hésiter, comme Pauline, à se faire accompagner par des acteurs qui ont des compétences dans cette mise en réseau comme c’est le cas du Réseau Cocagne.
« L’organisation en SCIC peut s’avérer difficile lorsque l’on commence à être nombreux autour de la table mais, pour des projets à petite et moyenne échelle comme le nôtre, ce mode de gouvernance est tout à fait adapté. » Il faut se poser la question du statut le plus adapté à son projet, mais également un type de gouvernance (27) adaptée à votre organisation, reflet du projet et de sa philosophie.

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