MA BOUTEIlle s'appelle reviens

Un réseau local de consigne qui propose aux producteurs de Drôme et d’Ardèche de laver et réutiliser leurs bouteilles en verre.

1- Découvrir ma bouteille s'appelle reviens

Si j’ai créé 'Ma bouteille s'appelle reviens', c’est avec l'objectif de recréer une filière de réemploi des bouteilles et des pots en verre en France. »

Portée par quelques précurseurs, dont l’association  « Ma Bouteille s’appelle Reviens ! »la consigne du verre fait, depuis une dizaine d’années, son retour en France. La pratique, généralisée jusqu’au début des années 1990, a été rendue obsolète par le développement des emballages plastique. Peu à peu, elle a laissé place au recyclage, principe pourtant plus nocif pour l’environnement .  

Issue du monde de l’insertion, Clémence a porté le développement de  « Ma Bouteille s’appelle Reviens ! », nouvelle filière de réemploi du verre, et  lancé l’association en 2019, implantée au pied du Vercors. 

Clémence explique : « Vous savez ce qu’on fait aujourd’hui avec une bouteille en verre vide ?  On la jette, on la brise en petits morceaux, on la met dans un four à 1 500 °C, on la fait fondre, on récupère la matière, on la place dans des moules, on refroidit le tout et au final, qu’obtient-on ? Une nouvelle bouteille vide ! » 

L’objectif de l’association est de nettoyer pour remettre dans le circuit 1,5 millions de bouteilles et pots en verre chaque année. La structure s’est développée et s’est équipée en 2022 d’un outil de lavage performant permettant de répondre aux besoins du territoire, qui offre aujourd’hui de multiples points de collecte, permettant aux consommateurs de rapporter les contenants pour qu’ils soient lavés puis réutilisés. 

Brasseries, vignerons, producteurs de jus de fruit, de lait, de yaourts, de miel, de compotes, de cosmétiques… : les acteurs régionaux de la filière s’impliquent et assurent par leur diversité une activité régulière à la structure. 

 « Une fois la bouteille de vin, de jus de fruit ou de bière vidée, vous la rendez, elle est lavée et retournée au producteur. Cela permet d’économiser 75 % d’énergie et 35 % d’eau par rapport au recyclage. C’est intéressant d’avoir des petits producteurs de yaourts et de lait, qui ont une rotation rapide de leurs contenants », explique Clémence. 

Magasins et producteurs en vente directe récupèrent les bouteilles consignées : « pour le consommateur, rien ne change ou presque. Sa seule mission est de rapporter la bouteille où il l’a achetée ou dans un autre point de collecte », explique Clémence, précisant que le site propose une carte en ligne de tous les points de collecte. 

En créant de l’emploi localement, la consigne participe également à l’activité du territoire et contribue à redynamiser le tissu économique local. La structure est également porteuse d’un projet social visant l’insertion sociale et professionnelle des personnes éloignées de l’emploi. Nous avons monté sur notre activité une entreprise d’insertion. C’est-à-dire qu’on travaille avec des personnes qui sont un petit peu éloignées de l’emploi pour les réinsérer sur le marché du travail”, précise Clémence.

2- Le projet vous inspire ?

Nous souhaitons massifier la réutilisation des contenants en verre.
2023 sera une année charnière. »

Créer un projet demande de vérifier la compatibilité entre sa situation personnelle et le projet. Un bilan personnel permet d’identifier ses intentions et ses aptitudes et de s’assurer d’avoir les compétences nécessaires pour porter le projet.

Le Réseau Consigne dont « Ma Bouteille s’appelle Reviens ! » est adhérente est un interlocuteur privilégié des porteurs de projets : le réseau a pour mission d’encourager le développement du réemploi des emballages, l’association soutient donc le développement de nouvelles structures partout en France en conseillant les porteurs de projet qui bénéficient du partage d’expérience des membres du réseau et de la documentation des bonnes pratiques pour la mise en place de filières de réemploi.

 

3- être acccompagné

Nous avons vraiment été soutenus beaucoup, beaucoup ! »

Il existe en France de nombreuses structures susceptibles d’épauler les porteurs de projets quels que soient leurs stades de développement : de nombreux acteurs sont là pour vous soutenir dans votre projet, n’hésitez pas à les solliciter.

Clémence a été accompagnée par différentes structures : 

  • par Startup de territoire, qui accompagne dans différentes régions l’émergence et le développement de projets à fort impact social, écologique et solidaire. « C’est cet accompagnement qui a permis de mettre autour de la table aussi bien des brasseurs que des producteurs de jus, des magasins, des citoyens engagés, des structures d’insertion, des gens travaillant dans le transport, etc. » témoigne Clémence.
  • et par le réseau d’entrepreneurs engagés France Active pour finir son étude de faisabilité. 

4- Structurer son projet

Il faudrait arriver à développer un réseau à l’échelle nationale."

Il est possible de se faire accompagner par des structures de financement spécialisées dans les projets impliqués dans  l’Economie Solidaire et Sociale.

Le modèle économique d’un projet se structure en différentes étapes.

Clémence précise : « économiquement, le défi, c’était de se dire : ‘est-ce qu’on peut arriver à un coût de la bouteille lavée et réemployée qui soit équivalent ou légèrement moins cher qu’une bouteille neuve ? »

L’étude de marché permet d’identifier l’environnement du projet.  

« Aujourd’hui, nous maillons le territoire de nombreux points de collecte. Ça peut être directement chez le producteur ou dans des magasins partenaires », raconte Clémence. 

L’étude financière prévoit le chiffre d’affaires et les dépenses d’un projet. Clémence raconte :

« Nous avons eu une phase du projet qui était un peu compliquée. Celle où ne rentre pas encore d’argent, où l’on n’a pas encore obtenu les financements et où, en même temps, il faut commencer à investir. Mais au début de l’histoire, nous avons été lauréats d’un appel à projets lancé par le ministère de l’Écologie, « Mon projet pour la planète”, et là on s’est dit qu’il fallait y aller !  » 

Le business plan résume les étapes précédentes, pour présenter le projet aux potentiels partenaires et investisseurs. L’Ademe a permis à l’association de financer les premières étapes du projet.

 « Nous sommes parvenus à avancer rapidement et à monter une ligne de lavage en six mois, ce qui nous a semblé un temps excessivement long mais qui était en fait incroyable », se souvient Clémence.

Chacun décide la stratégie d'entreprise à son niveau."

Structurer un projet demande de choisir une enveloppe juridique adaptée à sa philosophie. D’abord structurée en association, « Ma Bouteille s’appelle Reviens ! » se transforme en une Société coopérative d’intérêt collectif en 2021.

« L’enjeu du projet, c’est que tous les maillons de la chaîne soient très actifs. Et pour ça, notre solution a été de se monter en Société Coopérative d’Intérêt Collectif. Aujourd’hui, tout le monde a des parts sociales dans la structure, aussi bien des consommateurs que des associations partenaires, que des responsables de points de vente, que des producteurs, etc. », explique Clémence

Enfin, la constitution d’une équipe est une condition essentielle à la réussite du projet. Dans le cas de Ma bouteille s’appelle reviens!, « chacun décide de la stratégie de l’entreprise à son niveau. »