Mod’emplois

LES MARSOINS

Loire-Atlantique, Saint Nazaire : Pour faciliter  l’accès aux soins aux personnes en rupture de parcours médicaux, Nicolas Blouin a lancé le projet Les Marsoins en 2017. Des  camions sillonnent les territoires, s’installent sur les places de marché, dans les lycées,  quartiers et  zones rurales, proposent des des dépistages individuels, gratuits et ouverts à tous, orientent   leurs interlocuteurs vers des dispositifs de droit commun.
« Nos trois, et bientôt quatre marsouins, se déplacent dans les territoires, dans les quartiers, les déserts médicaux, dans les petits villages, dans des centres de formation et mobilisent des professionnels de santé pour aller à la rencontre des habitants. »
Cette première phase propose une étude de marché simplifiée, comme un premier tour de piste pour s’assurer de la faisabilité de la duplication du projet. Il s’agit de collecter et d’analyser des informations sur l’environnement du lieu d’implantation du projet et d’identifier vos motivations, vos atouts et vos besoins.
« Nous essayons d’avoir un panel de professionnels de santé le plus large possible pour pouvoir mener des dépistages aussi vastes qui soient. »
Cette étape de collecte d’informations permet de vérifier les caractéristiques indispensables à la duplication du modèle des marsoins. Pour participer au déploiement du dispositif sur de nouveaux territoires, il est nécessaire de s’assurer d’avoir le soutien des acteurs locaux, et par exemple contacter les mairies. Il faut identifier les associations de quartier et les professionnels de santé. qui connaissent les besoins des zones géographiques concernées. Leur appui sera fondamental pour faire venir les potentiels bénéficiaires vers le dispositif. Il est nécessaire de s’informer sur la notion de désert médical mais également de manière plus globale sur les inégalités territoriales en matière de santé et l’éducation à la santé.
« Nous avons commencé avec un camion et trois professionnels, aujourd’hui nous sommes plus de 70 professionnels de santé. Ce qui a propulsé cette dynamique, c’est la force des bénévoles qui donnent du temps dans les camions. »
Créer un projet comme Les marsoins demande de vérifier la compatibilité entre sa situation personnelle et le projet. Il faut en effet avoir un réseau de professionnels de santé prêts à agir mais également du temps à donner pour parcourir les territoires. Il est possible de vérifier cela en effectuant un bilan personne, étape permettant de s’assurer d’avoir les compétences nécessaires pour porter le projet. Ensuite, il faut envisager les spécificités du secteur en consultant des fiches métiers telles que celles de médecin généraliste ou de psychologue par exemple.
« Nous n’avons pas envie tout de suite de partir sur un essaimage national. Pour autant, le concept a vocation à exister ailleurs mais de manière différente. »
Après avoir identifié vos forces et vos faiblesses, défini les contours de votre projet, la phase d’accompagnement est primordiale : être accompagné est LA condition de réussite. Il existe en France de nombreuses structures répondant à une variété de besoins. Toutes permettent d’être entouré par d’autres porteurs de projets et donc d’échanger, d’apprendre et d’être soutenu dans sa démarche.
« Nous avons récemment été accompagnés par la Macif et l’AVISE dans un programme d’incubation. Là, nous avons pris une claque. Les rencontres que l’on a eues avec d’autres structures de l’économie sociale et solidaire étaient juste incroyables. »
Au niveau national comme régional, les structures d’accompagnement sont diverses. Il est préférable de se faire accompagner par des organismes complémentaires, pour encadrer le projet dès l’émergence de l’idée. Nicolas s’est surtout basé sur son réseau pour développer son idée. Il a rapidement eu accès à un lieu, grâce à La ruche de Saint-Nazaire, qui lui a permis d’avoir un premier espace de travail. Pour structurer son projet et se faire accompagner sur des points plus techniques comme les aspects financiers ou juridiques, on peut faire appel à des incubateurs. C’est en participant à un programme d’incubation P’INS que Nicolas a été accompagné par la MACIF et l’AVISE. Pour des besoins plus spécifiques, il est possible de se former via l’offre de formations gratuites et/ou potentiellement financées par le CPF et se rapprocher des organismes d’aides régionales.
« Aujourd’hui, nous sommes plutôt sur un rapport 50-50 entre fonds publics et fonds privés. Et, pour vous donner un ordre d’idée, un camion c’est entre 120 et 130 000 euros et nous en avons trois. »
Pour lancer un projet comme celui de Nicolas, il est nécessaire de disposer d’un minimum d’argent Les structures publiques, étant donné le statut associatif du projet, peuvent être des partenaires financiers potentiels. Les communes ont des compétences en matière de santé. On peut aussi cibler les départements, les régions ou l’Etat qui ont des responsabilités en matière d’accès aux soins et d’éducation. Le soutien public à un tel projet ayant des limites, on peut se tourner vers le privé. Nicolas a été aidé par des fondations. Il aurait pu s’adresser à des réseaux de business angels. Les Marsoins ont également collecté de nombreux dons auprès de particuliers. Il est donc pertinent de réaliser une campagne de financement participatif. Enfin, il est possible d’aller voir les banques pour analyser leurs propositions.
« Il existe de très nombreuses manières de concrétiser un tel projet. Je pense que cette diversité est une richesse et que c’est nécessaire aussi d’avoir de la différence dans les projets pour qu’il y ait une sorte d’intelligence collective. »
Cette phase permet d’aller plus loin dans l’étude de marché, d’étudier des éléments commerciaux et financiers pour élaborer le business model et le business plan d’une organisation structurée, susceptible de trouver une clientèle et d’avoir un modèle économique solide.
« Pour l’instant, notre modèle économique tient. Mais nous aimerions faire plus et développer un truc incroyable, ce serait de trouver pour chaque camion 1 000 personnes qui donnent 10 euros par mois. »
Cette étape permet d’établir un business model en accord avec votre projet. S’appuyant sur l’étude de marché, le modèle économique va préciser le marché dans lequel votre projet va évoluer, identifier les caractéristiques de vos futurs bénéficiaires, et estimer les frais de fonctionnement. Ces informations permettront de construire un modèle économique stable et juste tant pour les salariés que les bénéficiaires.
L’étude financière va permettre de préciser vos besoins et les coûts qu’engendre le projet à ses différentes étapes. Il faut évaluer le coût prévisionnel du projet en calculant les différentes dépenses, identifier les risques de financement et prévoir un plan de trésorerie.
Un business plan est l’assemblage des deux étapes précédentes. Il décrit le projet dans son ensemble, c’est-à-dire les conclusions de l’étude de marché, l’exposé de l’offre et le plan financier. Destiné à des tiers, il sert à convaincre du potentiel du projet, de la cohérence du modèle économique et de la bonne logique de la stratégie commerciale envisagée. La première page du business plan, l’executive summary, est une carte de visite du projet. Il en présente les points clés pour permettre aux investisseurs d’avoir une vision rapide et globale de la stratégie envisagée.
« Lorsque nous avons commencé à essaimer, nous nous sommes posés la question de savoir s’il fallait créer des associations pour chaque antenne. Mais en fait, nous avions envie de défendre un projet global et que tout le monde participe à la même association. »
Cette phase propose de structurer une équipe, de trouver une gouvernance et d’identifier une structure juridique adaptée au projet. Si les structures de l’économie sociale et solidaire comme Les marsoins utilisent des outils et des moyens d’action similaires à celles des entreprises privées, elles poursuivent des objectifs caractéristiques de l’ESS en mobilisant des ressources et des approches spécifiques.
« Nous sommes une association à but non lucratif de loi 1901 qui peut délivrer des reçus fiscaux parce que nous sommes d’intérêt général. »
Le choix de la forme juridique est une étape essentielle de la création d’une structure. Cette enveloppe légale doit correspondre à la philosophie du projet. Certains dispositifs d’accompagnement sont spécialisés dans ces démarches juridiques. Pour un projet comme celui des Marsoins, la structure la plus adaptée est la structure associative car il paraît complexe de vendre de tels services. Si vous souhaitez lancer une telle initiative, plusieurs solutions s’offrent à vous. Il est possible de rejoindre l’association existante et d’essaimer le projet dans un nouveau territoire. Sinon, il vous est tout à fait possible de lancer votre propre association de manière indépendante.
« Nous avons à cœur de donner la possibilité aux salariés de s’exprimer, d’avoir un poids, ou en tout cas un espace pour pouvoir être acteur de son job au même titre que les administrateurs. »
Créer une équipe efficace demande de réunir des compétences complémentaires, partageant des valeurs et un objectif commun autour d’un projet précis. Il faut ensuite préciser l’organisation au sein de l’association, et privilégier, comme Nicolas, des temps de discussion lors desquels chacun peut exprimer son avis sur les décisions à prendre et le devenir de l’association.
« Lors de chaque CA, nous invitons les salariés et les administrateurs à se rencontrer et à discuter des projections associatives, des débats et des choix stratégiques. »
Il faut se poser la question du statut le plus adapté à son projet, mais également du type de gouvernance adapté à votre organisation, reflet du projet et de sa philosophie.

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