Marguerite & Cie

La révolution menstruelle est en marche.

1- Découvrir marguerite & cie

Dans la vie d'une femme, le coût des protections menstruelles peut aller de 3 000 euros à 8 000 euros."

Un après-midi de 2017, Gaële Le Noane, alors orthophoniste en neurologie et cancérologie, décide de changer de voie professionnelle lorsqu’elle tombe, ébahie, sur une étude de l’Anses portant sur la composition des tampons et des serviettes. « Ça m’a fait bondir », se souvient-elle, ajoutant : « plus j’ai détricoté le sujet, plus je me suis dit qu’il s’agissait d’une somme d’inégalités dans des produits de première nécessité dont on ne peut pas se passer, alors il fallait s’y attaquer ».

Remontée à bloc, Gaële Le Noane se lance alors dans l’aventure Marguerite et Cie et la création de distributeurs de produits menstruels bios, avec un objectif en tête :« que toutes les femmes aient accès à des produits menstruels sains et gratuits partout dans le monde », sans perdre de vue les multiples inégalités auxquelles elle veut mettre fin. En premier lieu, la précarité menstruelle, dont souffrent pas moins de quatre millions de femmes en France. « C’est énorme pour un pays développé comme le nôtre », regrette-t-elle. Elle noue alors un partenariat avec l’ADSF – Agir pour la santé des femmes, et met en place une politique de dons, dans le but de participer à une meilleure accessibilité à des produits bio.

La problématique environnementale, ensuite, avec une pollution plastique à l’œuvre désastreuse : « un paquet de serviettes classiques, c’est quand même cinq sacs plastique. On a enlevé les sacs plastique de notre société mais ces produits-là restent complètement à disposition », pointe du doigt la cheffe d’entreprise, qui a en outre fait le choix de faire fabriquer ses produits bios par des personnes en insertion professionnelle, des personnes en situation de handicap issues du réseau APF Entreprise.

de femmes sont concernées par la précarité menstruelle
4 millions
distributeurs déjà installés par Marguerite & Cie
5600
protections hygiéniques données à des associations caritatives chaque année
100000
de plastique évitées en 2021
17 tonnes

2- Envie de vous lancer ?

Il est important d'inscrire votre projet dans un cadre de valeurs et ça le plus tôt possible."

Si vous souhaitez vous aussi vous lancer dans une aventure entrepreneuriale, il vous faudra au préalable vérifier la compatibilité entre votre situation personnelle et le projet. Un bilan personnel peut vous permettre d’identifier vos intentions et vos aptitudes et de vous assurer d’avoir les compétences nécessaires pour porter le projet.

Selon Gaële , il est aussi nécessaire de déterminer le plus en amont possible les valeurs qui vont guider le projet. Dans le cas de Marguerite & Cie, quatre piliers ont été délimités : détermination, progression, bon sens et bienveillance. « Ça nous donne un cadre, tout ce qu’on dit, tout ce qu’on fait, toutes les décisions qui sont prises, doivent répondre à ces quatre valeurs », explique-t-elle. Et d’insister : « c’est indispensable et c’est important de le faire dès le début ».

3- la question de l'accompagnement

J'ai dû me débrouiller pas mal par moi-même, j'avoue."

Au début de son aventure entrepreneuriale, Gaële Le Noane se sent bien seule. « J’ai vraiment eu zéro aide à la création, je me suis débrouillée toute seule », se souvient-elle, déplorant être « passée entre les mailles du filet » de l’accompagnement. Ce n’est que très tardivement qu’elle a pu bénéficier de l’aide financière de France Active. Un appui salutaire : « je me suis demandé pourquoi je n’avais pas eu ça depuis le début, en fait ».

Même déception du côté du financement bancaire que de celui de l’accompagnement : « personne n’y croyait, quand on se retrouve devant des mâles blancs de plus de 50 ans en costard et qu’on arrive avec un projet comme ça, ils n’y comprennent rien, ils ne se sont jamais posé la question car ils n’ont jamais été confrontés à ce genre de problème », explique celle qui s’est lancée, seule, avec 47 000 €. 

Il faut dire que ce besoin pourtant très prégnant était loin d’être identifié publiquement lorsqu’elle se lance en 2018 : « quand j’évoquais la précarité menstruelle, on me répondait ‘précarité quoi ? mais de quoi tu parles ?' », se souvient-elle en riant. Deux ans plus tard, elle entend le chef de l’État Emmanuel Macron parler de précarité menstruelle à l’occasion d’une interview accordée à Brut. Elle exulte. « J’avais envie d’appeler tous les banquiers qui m’avaient raccroché au nez pour leur dire : ‘vous avez vu, même le président de la République en parle !' »

Il existe en France de nombreuses structures susceptibles d’épauler les porteurs de projets à tous les stades de leur développement : leur raison d’être est de vous accompagner et de vous soutenir dans la réalisation de votre projet, n’hésitez pas à les solliciter.

4- Structurer son projet

Dès le début, j'ai travaillé sur le principe du distributeur. J'en ai dessiné, fabriqué, en bois, en carton... jusqu'à ce qu'un an après, le distributeur soit breveté."

Le modèle économique d’un projet se structure en différentes étapes. En ce qui concerne Marguerite & Cie, Gaële Le Noane a commencé par une activité en B to C. « C’était la première box menstruelle de France », se souvient-elle, précisant : « j’en donnais autant que j’en vendais, c’est-à-dire que si une femme s’abonnait pour ses 18 produits menstruels, j’en donnais 18 aussi à une femme de l’ADSF – Agir pour la santé des femmes. »

En parallèle, Gaële travaille alors sur l’idée d’un distributeur, qu’elle développe et commercialise. Depuis son dépôt de brevet en juillet 2019, elle a déjà vendu pas moins de 5 600 distributeurs à destinations de collectivités, collèges, lycées, mairies, universités ou encore entreprises, et son activité a peu à peu mué du B to B vers du B to C.

Ensuite, l’étude de marché permet d’identifier l’environnement du projet et l’étude financière prévoit le chiffre d’affaires et les dépenses de ce dernier. Quant au business plan, il résume les étapes précédentes, dans le but de présenter le projet aux potentiels partenaires et investisseurs. 

Distributeur Marguerite & Cie. © Marguerite & Cie

Juridique et Gouvernance

J'ai essayé de faire un concept qui me ressemble et qui soit 100% aligné avec mes valeurs."

Enfin, structurer un projet demande de choisir une enveloppe juridique adaptée à sa philosophie. Dans le cas de Marguerite & Cie, Gaële Le Noane a en premier lieu opté pour une EURL (entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée), qui est aujourd’hui devenue une SA (société anonyme) qui emploie treize salariés et qui a obtenu l’agrément ESUS. « C’est une grande fierté », se réjouit la fondatrice qui indique avoir voulu créer sa structure sans jamais perdre un objectif de vue : « si je quittais mon boulot et que je créais une entreprise, il fallait que je fasse les choses bien. » Un challenge relevé haut la main.