1. Rencontre avec Corinne Ettouati, fondatrice de Sorenis
Après un parcours dans la Politique de la ville et la rénovation urbaine, Corinne Ettouati, entourée d’un collectif de professionnels, décide en 2012 de fonder l’association SORENIS. Basée à Saint-Maximin dans le Var, l’association promeut, en lien avec les acteurs locaux institutionnels, les promoteurs et bailleurs sociaux, un nouveau modèle d’habitat collectif, social et solidaire. « L’idée était de proposer aux collectivités et aux bailleurs sociaux de les accompagner pour monter des projets de territoire transversaux, qui partiraient du logement pour élargir l’opération à tout le territoire », précise Corinne Ettouati, directrice générale et pilote de projets.
Ce que propose Sorenis ? Une approche intergénérationelle et inclusive du logement, une prise en compte en transversal du sujet, englobant le vivre-ensemble, l’accès aux soins, la préservation de l’environnement, la mobilité, l’économie locale et la lutte contre la fracture numérique : « Nous voulons que chaque habitant soit considéré dans sa globalité, ne pas isoler des sujets dans des cases. Au lieu d’aborder chaque sujet à travers un dispositif spécifique, on met en place une organisation globale » précise Corinne Ettouati.
Le principe Sorenis : un accompagnement transversal vers la création de projet, une ingénierie de compétences, qui fédère les acteurs publics et privés autour du projet, un suivi de projet via un espace numérique dédié et partagé avec les parties prenantes et une ingénierie financière pour des levers de fonds.
Aux opérations immobilières, Corinne Ettouati et son équipe préfèrent les « projets de territoire », co-construits avec les parties concernées. L’association orchestre le bon fonctionnement des projets en mettant en confiance les acteurs et en permettant le travail de co-construction : un Comité de pilotage réunit tous les acteurs du projet dans un principe de totale transparence. « Notre force est notre neutralité. En tant qu’association, nous n’avons aucun d’intérêt économique dans le fonctionnement de la structure. »
D'un programme pilote à la définition d'un modéle
La première réalisation expérimentale conçue et réalisée par SORENIS , est un programme-pilote pour le village d’Entraigues-sur-la-Sorgue. Livrée en novembre 2020, le projet a été pensé pour répondre aux besoins du territoire , en recréant du lien entre les générations, grâce à une maison partagée, unique en France, car entièrement aménagée avec des matériaux de récupération, intégrant un espace numérique pour les habitant.e.s de la résidence, tout en y associant les commerçants de proximité. « Un projet pilote avec une dimension sociale fédératrice, impliquant les habitants et répondant aux besoins du territoire » pointe Corinne Ettouati . `
Trois ans de travail collaboratif, la conception et réalisation de 78 logements intergénérationnels, auront permis à Sorenis de poser les fondations et de tester l’impact de son approche et de sa méthode d’accompagnement de projets.
Aujourd’hui, inspiré de ce projet, se construit dans les Alpes-de-Haute-Provence, à Céreste, autour du logement intergénérationnel, un véritable projet de territoire. Porté par Gérard Baumel, maire de la commune, ce pôle de vie, ouvert sur Céreste et les 12 communes du bassin, est prévu pour 2025. SORENIS fédère l’ensemble des partenaires publics, privés pour accompagner la dynamique de co-construction du projet social et sa mise en place en incluant les habitants dans le process.
Le projet a été lauréat 2023 des Prix régional (PACA) et départemental (04) de l’ESS, catégorie utilité sociale.
3. Un concept à modéliser pour répondre à des besoins humains
Sorenis est un modèle, un cas d’école qui pourrait (devrait?) être enseigné dans les écoles et facs. Agréée ESUS, Sorenis est adhérente à la CRESS PACA. : « Notre but de remettre l’humain au cœur du bâti. Ça n’est pas l’humain qui s’adapte au bâti mais le bâti qui doit s’accorder à l’humain. » précise Corinne Ettouati. Et, si la vision de SORENIS dépasse le seul cadre financier, son approche permet également à la communauté de réaliser des économies : « Notre totale transparence, permet de lever des fonds, aussi bien avec des partenaires privés que publics. La création d’un comité de pilotage pluridisciplinaire permet de créer une dynamique participative entre ces multiples d’intervenants financiers. La leçon à tirer de est que « mutualiser les financements privés et publics en structurant un mode opératoire efficace permet plus impact et coute moins cher à la société ».
Aujourd’hui, le projet de Céres a vocation à être essaimer ailleurs : « la mise en oeuvre de ce projet de territoire a prouvé que notre process, est viable, qu’il n’est pas une utopie et qu’on peut le mettre en place, un peu partout, sur les territoires ». Et c’est parce qu’on ne peut séparer les enjeux les uns des autres, tous sont profondément intriqués, chacune des dimensions faisant levier sur l’autre et renforçant son intérêt, que nous avons créé une solution transversale, basée sur la mutualisation des actions avec comme point de départ le « Logement intergénérationnel ».
Sorenis est aujourd’hui une marque, un modèle déposé, mais comme le précise Corine Attouati : « l’idée, c’est la transmission. Nous souhaitons mettre en oeuvre un process de formation, sur le modèle qu’on vient de développer, de façon à transmettre. »
Le modèle Sorenis est donc à disposition pour être reproduit sur l’ensemble des territoires ruraux et illustrer France Ruralités dans ses objectifs et son impact. A bon entendeur ?