vigne de cocagne

Les vignes de la réinsertion, le futur des vignerons français.

1- Découvrir vigne de cocagne

Notre initiative répond à des problématiques auxquelles est confronté le département de l’Hérault : le chômage, la précarité et les difficultés à recruter des ouvriers viticoles. »

En 2015, Pauline a créé Vigne de Cocagne, la première exploitation viticole d’insertion sociale et professionnelle française. Parallèlement à une première vie professionnelle en entreprise, Pauline prépare et passe un BTS viticole en cours du soir. Elle se   souvient : « tout est parti de l’idée de créer des vignes solidaires et coopératives. Après des études en sciences politiques en école de commerce, j’ai eu une première expérience professionnelle dans un cabinet de conseil. C’est là que j’ai fait la connaissance du Réseau Cocagne, une association qui regroupe des exploitations maraîchères biologiques à vocation d’insertion sociale. J’ai été tout de suite séduite par le principe. J’ai décidé de faire une reconversion professionnelle et de lancer mon projet ». Pauline, native de l’Hérault, connaît les difficultés que rencontrent les vignerons à recruter localement, pendant que d’autres, dans la région, cherchent un emploi :« au cours de cette formation, je me suis vite rendu compte que la viticulture était un métier particulièrement adapté à l’insertion ». Intégrant le Réseau Jardins de Cocagne, Pauline va adapter leur démarche à la culture de la vigne. Elle crée Vignes de Cocagne, une exploitation-école où des salariés en insertion peuvent se former, par la pratique, à toutes les opérations liées à la viticulture et à la vinification. Le domaine vinicole est situé au pied de la Gardiole, massif protégé et réservoir de biodiversité qui s’étend de Montpellier à Sète : un domaine quasi à l’abandon avant d’être racheté par la commune de Fabrègues qui souhaitait préserver son exceptionnelle biodiversité. Depuis 2020, Vigne de cocagne partage ce Domaine de Mirabeau avec des maraîchers et des éleveurs réunis autour d’un même objectif : associer agriculture et préservation de la biodiversité. « Nous cultivons 12 hectares de vignes entourées de garrigues, de chênes verts et d’oliviers et élaborons des vins bios, authentiques, sans artifices et au plus près du raisin », explique Pauline.

2- Le projet vous inspire ?

Pour développer un tel projet, il faut avoir
des compétences dans les domaines de la viticulture, de l'accompagnement social et de la gestion d’entreprise."

Créer un projet demande de vérifier la compatibilité entre sa situation personnelle et le projet. Un bilan personnel permet d’identifier ses intentions et ses aptitudes et de s’assurer d’avoir les compétences nécessaires pour porter le projet.

3- Se faire accompagner

J’ai été très accompagnée pour monter ce projet. Pour moi, cet accompagnement était une chance formidable, ça m’a
permis d’acquérir un réseau. »

Il existe en France de nombreuses structures susceptibles d’épauler les porteurs de projets quels que soient leurs stades de développement : de nombreux acteurs sont là pour vous soutenir dans votre projet, n’hésitez pas à les solliciter.

Pour passer de l’idée au projet, Pauline s’est appuyée sur différentes structures. Elle commente : « c’est avec l’aide de multiples partenaires que mon projet a pu se consolider et que je suis partie sur de bonnes bases. C’est grâce à eux que j’ai trouvé la confiance en moi nécessaire au lancement et à la réalisation de ce projet.  »

Il y a eu le  Réseau Cocagne, qui développe et anime un réseau de fermes à vocation d’insertion sociale et professionnelle : « le Réseau Cocagne est la première structure que j’ai rencontrée. Elle travaille depuis trente ans dans la réinsertion professionnelle par le maraîchage », explique Pauline.

Mais aussi l’incubateur Antropiaaccélérateur d’entreprises sociales de l’ESSEC Business School : « la gestion d’entreprise, c’est le nerf de la guerre. Il faut gérer et arriver à un modèle économique qui soit viable et pérenne. »

Ainsi que Sup’ agro : via Agro Valo Méditerranée, il s’agit d’un incubateur dédié au développement de projets d’entreprises innovantes dans les secteurs de l’agronomie, l’agroalimentaire et l’environnement : « sur un tel sujet, il est important de renforcer ses compétences en agronomie ». 

Elle intègre ensuite Alter’Incub, l’incubateur de l’Union régionale des Scop d’Occitanie – Pôle Méditerranée, pour lancer le projet. Pauline précise  : « La commune fait désormais partie de la SCIC Vigne de Cocagne, aux côtés d’autres sociétaires comme le réseau Cocagne et le Conservatoire d’espaces naturels régional. » 

4- Structurer son projet

Notre objectif est un modèle économique basé à 80%
sur notre propre chiffre d'affaires et à 20% sur les subventions au travers des aides au poste, un fonctionnement classique pour une entreprise d’insertion. »

Il est possible de se faire accompagner par des structures de financement spécialisées dans les projets relevant de l’ESS. 

Le modèle économique d’un projet se structure en différentes étapes :

L’étude de marché permet d’identifier l’environnement du projet. Pauline commente : « nous sommes une réponse aux besoins de l’Hérault, second département viticole de France, où les vignerons rencontrent des difficultés. »

L’étude financière prévoit le chiffre d’affaires et les dépenses d’un projet : « en tant qu’entreprise d’insertion, la plus grande partie de notre budget d’exploitation va provenir de la vente de notre vin. Nous avons donc un enjeu de production important, c’est-à-dire produire un vin de qualité, mais aussi un enjeu commercial pour assurer la vente du vin. »

Le business plan résume les étapes précédentes, pour présenter le projet aux potentiels partenaires et investisseurs : « nous contribuons à  redonner vie depuis la fin de l’année 2017 à un domaine en lui rendant sa vocation première : un mas en polyculture associant agriculture et biodiversité. » 

L’idée est d’avoir une structure similaire à celle d’une entreprise mais avec une gestion désintéressée et un
but d’utilité sociale. »

Structurer un projet demande de choisir une enveloppe juridique adaptée à sa philosophie. Pauline a choisi de monter la structure sous forme de SCIC. Elle gère ainsi une société commerciale qui associe à la gestion l’ensemble des acteurs concernés par le projet, viticulteurs, salariés en insertion, commune du vignoble :“j’avais envie d’associer tous mes partenaires de manière plus étroite, pour qu’ils participent à la définition stratégique et à la gouvernance du projet. Je voulais un projet ancré au territoire. Ce statut est pour moi la réponse parfaite à ce que je voulais : un projet à vocation sociale ancré au territoire. »

La constitution d’une équipe est une condition essentielle à la réussite du projet. En ce qui concerne Vigne de Cocagne : « notre statut de SCIC fluidifie notre gouvernance. Nous sommes huit sociétaires, personnes morales ou physiques.Ce qui est intéressant, c’est que les sociétaires font tous partie de la gouvernance et sont ainsi des acteurs directement impliqués dans le projet.”